Bague en or et email, création d'Emily Gargantini, Chania

Pourquoi dit-on Grand Feu? Pourquoi de l’émail grand feu sur un bijou en or?

Actualité

“Qui souffle dans le feu, les étincelles lui sautent aux yeux.”

Johann Wolfgang von Goethe

Grand Feu (émail grand feu) : on distingue par ce terme les émaux traditionnels des « émaux » ou plutôt peintures synthétiques. Ces derniers n’ont pas du tout la même composition qu’un émail vitrifiable. Ils s’apparentent à des vernis, des laques ou des peintures. Ces produits synthétiques s’appliquent sous forme liquide et ne nécessitent pas forcément de cuisson, ou alors à basse température (100-200°). Ces vernis n’acquerront pas la même dureté qu’un émail grand feu. Ils résistent bien moins à l’abrasion, aux effets des rayons lumineux et au temps que le véritable émail.

Les émaux dits grand feu se rapprochent du verre par leur composition. Leur préparation est longue. La cuisson de l’émail traditionnel est complexe et nécessite une température comprise entre 800 et 1000°. Un émail grand feu se travaille en plusieurs couches et cuissons successives. La dureté de l’émail est proche du verre : 7 sur l’échelle de Mohs. L’émail est inaltérable et grâce à ses qualités, nous pouvons aujourd’hui admirer des pièces datant de plusieurs siècles.


Photo de l'atelier Chania

L’émail et l’art horloger à Genève

Actualité

“Visitez le quartier de Saint Gervais, toute l’horlogerie d’Europe y est rassemblée »

J.J. Rousseau 1712-1778

Au XVe siècle, les orfèvres genevois pratiquent déjà l’art de l’émail, notamment sur les bijoux.

La peinture sur émail serait attribuée à l’orfèvre français Jean Toutin (1578-1641)

Elle est développée jusqu’à un niveau d’exception à Genève grâce à Jean Petitot et Pierre Bordier, son Maître. Grâce à la bijouterie et à l’horlogerie auxquelles il est désormais étroitement associé, l’émail va s’assurer une réputation toujours présente aujourd’hui.

Les Huguenots, réformateurs de l’Eglise en Europe, sont des travailleurs visionnaires, dotés du sens des affaires et respectueux de la connaissance. Forcés de quitter leur patrie et leurs racines pour des raisons religieuses ils sont très motivés et entreprenants. Ils sont nombreux à devenir des artisans exceptionnels.

Ces qualités les rendent bien impopulaires auprès de la population catholique. La discrimination s’étend, Jean Calvin quitte Paris et s’installe à Genève en 1541. Genève, citadelle de la réforme calviniste, reçoit beaucoup de réfugiés. Elle bénéficiera ainsi de l’arrivée de nombreux tiers et horlogers et se développera en tant que capitale de l’horlogerie. Le premier horloger français, Thomas Bayard, s’installe à Genève en 1554 sous la dénomination d’orfèvre et « orologeur »

Dès 1558, les ordonnances somptuaires (limitation du port des bijoux, des parures, etc…) jugulent le marché local. Aussi les artisans se tournent-ils vers le travail de la boîte de montre, exerçant leurs dons en tant qu’émailleurs, graveurs, orfèvres…

La collaboration entre horlogers et orfèvres est à l’origine de la Fabrique, nom désignant l’ensemble des arts et métiers concourant à la fabrication des montres et bijoux à Genève.

Jean Petitot est né à Genève en 1607. Il fait son apprentissage chez Pierre Bordier, bijoutier et orfèvre. Ensemble, ils sont initiés à la peinture sur émail par Jean Toutin, grand orfèvre et émailleur français. Ils ouvrent un atelier à Londres puis Petitot finit par s’installer à Paris. Huguenot, (protestant français), il en sera chassé lors de la révocation de l’Edit de Nantes. Il s’installera à Genève, comme de nombreux bijoutiers et horlogers français. Jean Petitot et Pierre Huaud firent alors connaître la peinture sur émail à l’Europe entière. Ces artistes ont développé la peinture sur émail et ont rapidement acquis une réputation jusqu’en Perse, en Chine et en Amérique.

« Visitez le quartier de Saint Gervais, toute l’horlogerie d’Europe y est rassemblée »

(J.J. Rousseau 1712-1778)

Le patronyme le plus connu à Genève est certainement celui de Rousseau. Didier Rousseau, horloger réfugié à Genève en 1549 était un ancêtre de Jean-Jacques.

« Nous avons la Fabrique d’horlogerie la plus complète qui existe,(…), la ville entière lui sert d’atelier. Les horlogers de Genève travaillent en hommes libres. Ils sont tous plus ou moins artistes. » (Témoignage de cabinotiers genevois en 1798).

Les émailleurs améliorent et affinent leur technique, le goût évolue. Ils pensent alors à recouvrir leur travail d’une couche d’émail transparent, le fondant, qui embellit et protège le décor.

La peinture miniature s’affine, s’enseigne et se distingue sous le terme d’Email de Genève. Cette méthode particulière se distingue par la couche d’émail transparent recouvrant la peinture miniature, le Fondant de finition.

La Fabrique devient la première source d’emplois à Genève. A l’époque elle faisait vivre près de 20’000 personnes. Les ouvriers de la Fabrique sont appelés « cabinotiers », en référence aux ateliers installés sous le faîte des maisons étroitement accolées les unes aux autres du quartier de Saint Gervais, où se concentrait l’activité des horlogers.

En 1789 on comptait à Genève 77 peintres sur émail. L’âge d’or de l’émaillerie genevoise se prolonge jusqu’au XX ème siècle.

« L’émail est comme la miniature, un art tout intime »

(Karl Robert, 1892)


Boucles d'oreille en or et email, création d'Emily Gargantini, Chania

Pourquoi j'utilise l'émail pour mes bijoux sur mesure?

Actualité

“Il s’agit comme vous le voyez, Mesdames et Messieurs, d’un compartiment de la chimie qui réclame une vigilance soutenue, un œil exercé et une longue pratique”

Louis Emile Millenet, émailleur genevois et fabriquant d’émail jusqu’en 1958

L’émail est un type spécial de verre, formulé pour être appliqué sur du métal. L’émail est composé principalement de silice (le vitrifiant), de fondants (soude, borax, potasse,…) , de plomb (pour le brillant) et d’oxydes métalliques (ce sont eux qui donnent les différentes couleurs aux émaux).

L’émail se fabrique dans des usines très spécialisées et rares.

On trouve des émaux :

  • Opaques : qui ne laissent pas passer la lumière, cachant la surface métallique
  • Transparents : translucides, on voit à travers
  • Opalescents : translucides aux couleurs irisées, tonalités laiteuses, rappelant l’opale

L’émail est fabriqué par des usines spécialisées. Les composants de l’émail sont chauffés pendant 8 jours à l’intérieur de four aux alentours de 1400 °. Cette matière première ainsi créée s’appelle la fritte d’émail (ou fondant). On ajoute ensuite à ce premier émail les différents composants colorants. Ce mélange va être chauffé à son tour pendant 14 heures. On obtient alors une masse pâteuse (en fusion). On extrait cette masse du four à l’aide de grandes louches et on la verse sur des tables métalliques où on la laisse refroidir lentement jusqu’à sa solidification. Le résultat est un bloc circulaire et plat appelé galette.

Lorsque l’on souhaite se procurer de l’émail, certaines entreprises en proposent sous différentes formes : des morceaux de galettes d’émail (les galettes sont cassées en morceaux grossiers), des grains d’émail (les morceaux sont concassés en petits morceaux de plusieurs millimètres) ou encore de l’émail sous forme de poudre (« comme du sucre », les grains se mesurent en microns).

Boucles d'oreille en or et email, création d'Emily Gargantini, Chania

Privacy Preference Center